Le commerce de Hodimont à Sommeleville.

Dans sa communication publiée dans la Quinzaine, l'échevin des Affaires Economiques Muriel Targnion nous explique la lente agonie du commerce Verviétois entre 1970 et nos jours.

En 1970, le commerce à Verviers allait de la rue de Hodimont à la rue de Limbourg. Il y avait bon nombre de magasins vendant des produits du secteur secondaire (c'est à dire des biens comme un vélo, une radio, un livre, ...) et du secteur tertiaire (c'est à dire des services comme la coiffure, les banques, l'Horeca, ...). Le rayonnement du commerce Verviétois était grand et pouvait aller jusqu'à Aubel.

En 2000, le constat est tout autre. La surface "commerçante" de Verviers s'est considérablement diminuée pour graviter autour des deux places, la rue du Brou-Harmonie et Crapaurue. L'explication avancée est que la démocratisation de la voiture permet aux clients potentiels une plus grande mobilité et ils vont voir ailleurs ce qu'ils ne trouvent pas au centre-ville.

De nos jours, la situation s'est encore agravée. En effet, la rue de Heusy se meurt lentement ainsi que le haut de Crapaurue.

Bon, voila le résumé de l'intervention de l'échevin Targnion. Ah non ! J'oubliais ! Honte sur moi ! Heureusement que ForumInvest arrive au son de la charge de la cavalerie, tel un Deus Ex Machina, pour inverser le processus et sauver Verviers de l'extinction commerciale.

Maintenant, analysons un peu tout ça ! Qu'est ce qui a changé à Verviers entre 1970 et 2007 ?

• Avant tout, c'est l'arrivée de supermarchés tels que GB, Delhaize et plus tard Colruyt, Aldi et autres enseignes. Résultat, des 52 boucheries et des 61 boulangeries, il n'en reste plus grand chose. La grande distribution a littéralement décimé les rangs des commerces du secteur secondaire à Verviers.
• Ensuite, beaucoup de commerces se sont délocalisés. Des quartiers comme Gérardchamps ou la rue de Limbourg étaient avant tout des lieux industriels (par exemple les usines Martin, le gazomètre ou Marabout) et ces lieux sont à présent consacrés à des activités commerciales. On peut aussi citer l'essort du quartier de Heusy où les maisons d'habitations sont souvent reconverties pour des activités du secteur secondaire ou tertiaire.
• Ces deux premiers points ont minés un centre commercial qui n'était pas préparé à cette mutation des habitudes d'achat et qui ne pouvait pas faire face à la puissance d'achat des grandes enseignes. Un petit commerce ne sait survivre dans ce contexte que par le service personnalisé qu'il peut apporter à sa clientèle, or comment parler de service lors d'un achat d'une boîte de raviolis ou d'une paire de chaussures ? C'est la raison pour laquelle il y a eu tant de fermetures en trente années.
• Ces fermetures ont amenés les commerçants du centre-ville à se regrouper. On a alors abandonné les zones périphériques. Fini les commerces rue de Dison, de Hodimont, Spintay, rue Sécheval, place Sommeleville.

Mais voilà, Muriel Targnion nous annonce l'arrivée du Messie ForumInvest qui va inverser les choses et nous redonner la gloire du Verviers d'antan. Là, je le dis tout net, l'échevin n'a rien retenu de l'histoire qu'elle nous a conté.

Le centre commercial ForumInvest ce sera quoi ? Un méga-hypermarché constitué d'enseignes de multinationales dans tous les secteurs (secondaire et tertiaire) et qui s'appropriera la principale voie d'accès ouest de la ville. Ce centre commercial sera à la porte même des commerces survivants de la décimation 1970-2000 ! Ce qui s'est passé durant cette période, il n'y a aucune raison pour que cela ne se reproduise pas ... sauf que cette fois, le secteur tertiaire sera aussi durement touché ! Madame Targnion et le Conseil Communal ont tendance à confondre le clairon de la cavalerie avec les trompettes de Jéricho !!!

En 2015, nous risquons d'avoir un centre commercial sans âme entouré d'un désert dans ce qui fût un espace de commerces qui allait de Hodimont à la rue de Limbourg...