10 juin 2012
Lors de la présentation du nouveau projet City-Mall, une personne s'était discrètement invitée à l'Harmonie. Il s'agit de Nikos Salingaros, célèbre théoricien de l'architecture dont j'ai déjà relaté ses opinions sur une précédente version du projet dans un article de juillet 2010. Cette fois-ci, le professeur Salingaros m'a fait l'honneur de me rencontrer pour me confier son opinion à propos du projet qui nous a été présenté lundi dernier.
Mais avant tout, je vais vous le (re)présenter. Nikos A. Salingaros est urbaniste, théoricien de l'architecture, et professeur au département de mathématiques appliquées à l’Université du Texas à San Antonio. Auteur de plus de cent articles scientifiques, il est aussi un des figures-clés dans le mouvement de la nouvelle architecture et du “New Urbanism”. Ses livres: "Anti-architecture et Deconstruction", et "A Theory of Architecture" définiront le processus pour l'environnement construit selon des règles humaines, non artificielles et durables. Nikos Salingaros est reconnu comme étant le onzième spécialiste mondial en théorie de l'urbanisme.
Voici donc l'opinion du professeur Salingaros sur les travaux de City-Mall :
Que ce soit dans sa première ou dans sa deuxième version, le projet
est beaucoup trop grand. Pas seulement pour l'endroit où ils vont le placer
mais pour la ville de Verviers. Parce que la ville a une culture historique, urbanistique
et architecturale, les deux projets sont d'une échelle complètement hors normes.
Ils donnent l'impression que ce sont des projets dessinés ailleurs, dans un
bureau qui n'a pas connaissance de la culture de Verviers, et ils ont imposés
ici un simple terrain commercial. Les concepteurs du projet ne montrent pas la
capacité de pouvoir intégrer du commerce dans le tissu urbain verviétois.
Peut-être qu'ils font du mieux qu'ils peuvent mais ils n'en montrent pas la
capacité et la connaissance des règles d'urbanisme qui ont été développées lors des
deux dernières décennies pour construire un projet à l'échelle humaine.
L'idéal est de construire un urbanisme qui s'intègre au mieux
à une culture locale, à la localité, au climat mais dans ce projet, je ne
vois rien de ça. Je vois dans ce projet quelque chose de générique, qui
maintient une fidélité aux formes industrielles de l'Allemagne des années 1920, et
que l'on a reproduit pendant un siècle partout parce qu'il s'agit d'un type de
construction très bon marché pour l'entrepreneur. Mais de Buenos Aires à Pékin,
c'est la même forme typologique élémentaire. La conception de ces
bâtiments en cube de verre et d'acier perdent de l'énergie et ils
s'autodétruisent en vingt ans car ils ne constituent pas une forme de
construction permanente, durable. Il n'existe aucun moyen de pérenniser ce type de
construction. Malheureusement, la plupart des bureaux d'architecture on
seulement appris à réaliser ce genre de typologie et ils ne sont pas capables
de faire autrement.
La première présentation de ce plan (NDLR: le premier projet Foruminvest qui couvrait la Vesdre)que j'ai vue me
paraissait déjà monstrueuse, pas seulement par sa taille hors échelle, mais par sa
typologie complètement étrangère à la culture verviétoise, à la culture belge,
et constituait une version extrêmement négative de l'urbanisme. J'étais alors étonné que des commerçants soutenaient ce projet dans l'espoir d'attirer les
clients au centre de la ville. Mais ce genre de construction n'attire pas les
gens, il les repoussent parce que c'est terriblement laid. Seuls quelques
individus ayant une idée abstraite de la conception de la modernité faite de
verre et d'acier pourraient être intéressés. Ce type de typologie soit-disant
moderne, et qui date d'un siècle déjà, laisse une impression neutre ou repousse
les gens parce qu'il présente un aspect anti biologique. La pire chose que j'ai
retenu du premier projet, et je tiens à parler de ce projet car c'est important
pour comprendre le dernier projet, c'était le dénigrement de la rivière puisque
ce projet l'éliminait en en faisant un égout souterrain. Il s'agissait
d'une gifle donnée à la culture verviétoise, qui s'est fondée depuis des
centaines d'années sur la Vesdre, et était totalement contre tout esprit
commercial parce qu'il faut développer les connections avec la rivière et
surtout ne pas la condamner.
En ce qui concerne le projet présenté ce lundi, il
essaie de respecter la rivière et de ne pas la couvrir, néanmoins cela ne
montre aucun amour pour la rivière étant donné le refus de connexion à la
rivière. La rivière reste toujours une
simple ligne sur un plan. L'équipe qui a élaboré ce projet ne fait aucun efforts pour
se connecter à la rivière. Verviers pourrait pourtant avancer en utilisant la
rivière, en développant des liens étroits et urbanistiques avec elle pour que
cela puisse porter les gens jusqu'à la Vesdre par beaucoup plus qu'une simple
promenade. Une promenade le long de l'eau ne signifie presque rien. On pourrait
développer un usage mixte de berges, de tout petits jardins, de petites places ouvertes et
publiques, un peu de commerces à très petite échelle tout le long de la
rivière. Cela pourrait être un moyen d'attirer non seulement des riverains
mais des touristes. Malheureusement, je ne vois rien de cela. Je ne vois qu'une
conception industrielle d'un bloc qu'ils présentent comme une amélioration du
premier projet mais qui ne considère la rivière que comme une ligne sur un
plan. C'est dommage de dépenser tant d'argent pour ne pas profiter de la
rivière. Il est aussi décevant de constater la hauteur de ce bâtiment et de sa
géométrie abrupte qui isole la rivière. Ce projet a été fait par des personnes
qui méconnaissent les derniers développement de l'urbanisme à l'échelle
humaine.
Autre chose, l'équipe qui présente ce projet a pris
certaines idées de mes amis, les "new urbanists", parce qu'ils ont
constatés qu'il faut faire un effort pour maintenir un langage architectural, et
je vois qu'ils ont mis une dose de façadisme pour mettre de jolies façades
ressemblant un peu au langage architectural traditionnel de Verviers. C'est un
pas en avant, mais malheureusement, je ne vois pas plus qu'un effort très
superficiel parce que le façadisme ne constitue pas le vrai dessein du projet.
Le projet reste une typologie industrielle avec une application très
superficielle de quelques éléments artistiques mais pas architecturaux. Je n'ai
pas vu dans la présentation un réel effort d'appliquer le langage de
construction traditionnel. Un projet qui veux réussir doit mélanger les
langages architecturaux traditionnels en utilisant les méthodes de bâtir
traditionnels avec les méthodes de construction contemporaine. Ce projet
n'offre que des solutions très superficielles.
Malgré que je me sois assis devant l'écran pour voir les
détails, ils n'en ont pas montrés. Ils ont montré très peu mais j'ai
vu quelque chose de très inquiétant : c'est à dire que malgré que le projet se
voit beaucoup mieux à distance, parce qu'ils ont fait ce traitement superficiel
de quelques typologies traditionnelles, le rez-de-chaussée où la vie piétonne
prend place est toujours de type vitre et acier, à l'image de l'architecture industrielle
de l'Allemagne de 1920. Ils sont très têtus et ont insisté pour encore faire la même
chose. Même vu de loin, ce bâtiment restera toujours une expérience industrielle avec
d'énormes baies vitrées. Encore pire, je vois que beaucoup de bâtiments
historiques sont prévus pour la démolition et ceux qu'ils promettent de sauvegarder,
ils vont démolir les rez-de-chaussée pour y substituer d'énormes vitrines. Ce
point n'a rien à voir avec la typologie architecturale de Verviers et de la
Belgique, c'est un stylisme international que certains architectes appliquent
en pensant que tout le monde l'aime alors qu'il n'en est rien.
Un de mes amis
m'a affirmé qu'il faut attirer les gens à Verviers en utilisant une
architecture moderne mais je ne vois rien de moderne dans une telle
typologie périmée d'une Allemagne des années 1920, une typologie industrielle
appliquée pour construire un tissu urbain à l'échelle piétonnale. Cela ne
fonctionne pas ! Il y a quelques individus qui ont cette idée erronée que ce
style industriel est attractif. Aux Etats-Unis, il existe énormément de centre
commerciaux construits dans cette typologie et qui sont abandonnés, en
faillite. C'est élémentaire, cela ne fonctionne pas. Le centre d'Eupen est une
faillite totale car des jolies vitres avec des escaliers roulants ne suffisent
pas pour le succès. Et à Verviers, je me demande qui viendra utiliser ce centre
commercial. On a déjà un autre centre commercial près de la gare (NDLR:
l'Outlet Mall) et c'est une faillite totale. Alors pourquoi
construire un centre commercial beaucoup plus grand en centre-ville alors que
le premier a déjà fait faillite ? Il n'y a aucune logique commerciale là-dedans.
Ensuite, la
rue du Marteau est l'artère principale pour traverser le centre de Verviers et
elle va être bloquée sans possibilité de rediriger tout le traffic. Couper la
circulation de la ville sera désastreux pour tout commerce parce que cela
sépare les deux parties de la ville. Je trouve dans ce point particulier un
très mauvais urbanisme ou plutôt une absence totale d'urbanisme. C'est
l'imposition d'une vision architecturale de personnes qui ne font pas de
l'urbanisme mais qui font des petits bâtiments. Mais ici, il ne s'agit pas d'un
petit bâtiment que l'on intègre dans un tissu urbain, il s'agit d'une restructuration
massive du centre de Verviers et pour cela, il faut penser à une solution à
l'échelle urbaine et pas seulement à l'échelle architecturale. Il me semble que ce sont des
architectes qui ont préparé cela sans donner aucune solution aux problèmes
d'urbanisme et sans connecter le projet proposé au tissu urbain existant. Je
vois plutôt une tendance de préserver un projet qui va remplacer le tissu
urbain existant avec quelque chose de nouveau.
Autre chose, un détail montre pour moi quelque chose de
négatif: c'est le pont piétonnier du nouveau projet. Il y a un pont en
diagonale. Nous savons très bien dans l'urbanisme qu'il y a des règles relatives
aux réseaux de connexion où la distance doit être réduite au minimum pour
traverser un obstacle, et ce pont en diagonale reste quelque chose d'absurde.
Des architectes étoilés de par le monde ont mis ce concept de pont en diagonale
dans certaines villes. Ces villes ont payés un prix hors budget pour ces
projets et en sont sorties ruinées. Et des architectes reprennent ces techniques
de pont en diagonale pour réemballer de vieux projets, pour faire plus moderne,
mais cela me donne très peu de confiance si on voit une telle typologie négative
utilisée par des professionnels pour réemballer et vendre un projet.
Il y a
aussi l'usage de bonnes idées comme les jardins sur les toîts, les toîts verts,
les panneaux solaires. Cette mixité de l'utilisation est utilisée dans un mode qui ne me
donne pas confiance parce que les équipes d'architectes ne savent pas comment
les utiliser. On a déjà fait des expériences de toîts verts et la plupart des
exemples meurent très vite car cela est très difficile à entretenir. La
question est de savoir si ce groupe City Mall a de l'expérience dans la
conception de toîts verts ou est ce que cela consiste une fois de plus en un
espèce d'emballage du projet ?
Moi qui suis un expert en espace urbain, je ne vois pas que
l'espace urbain verviétois a été étudié pour fonctionner. Il ne suffit pas de
définir un espace dans le plan pour qu'il fonctionne. Il faut étudier beaucoup
de choses pour garantir plus ou moins le succès de cet espace urbain et ici, je
ne vois pas cela. Je vois seulement un énorme bâtiment avec un espace qui reste
comme un détritus, et cet espace restant est ce que l'on appelle l'espace urbain.
Ce n'est pas une bonne manière de projeter un espace urbain qui va fonctionner
et qui va attirer les gens. Il faut donner aux gens un espace urbain utilisable
et malheureusement, on a énormément d'exemples d'espaces urbains qui ont été
construits dans les derniers cinquante ans et qui ont tous fait faillite parce
qu'ils sont tellement hostiles au point de vue psychologique que personne ne
veut plus s'y rendre. Ils sont tous maintenant abandonnés. Le risque est énorme
pour Verviers. J'ai vu par-ci par-la de petits points d'usage mixte, mais cela
ne correspond pas à un véritable usage mixte. Il faudrait pour ce faire avoir
un étage entier du bâtiment dédié à l'habitation et je ne vois pas cela.
Merci, professeur Salingaros, de m'avoir confié vos impressions éclairées sur ce dernier projet City-mall/ForumInvest.
05 juin 2012
Nouveau projet Ciry Mall ? Non, mon colonel !
Hier soir, environ 300 personnes se sont déplacées à l'Harmonie pour assister à la enième présentation d'un projet dans le cadre du dossier City Mall- Foruminvest.
Tout d'abord, je tiens à souligner le manque de professionnalisme ou, pire, le je-m'en-foutisme affiché par les organisateurs (City Mall et la ville de Verviers) qui n'ont pas choisi une salle qui se prête bien à ce genre de présentation. Au lieu de choisir la salle Duesberg comme par le passé, cette salle de l'Harmonie n'est pas adaptée à ce genre d'exercice. L'écran amovible est trop petit pour que l'on puisse bien voir le diaporama à partir du millieu de salle et rien n'a été prévu pour que les citoyens puissent s'exprimer clairement comme un micro baladeur, accessoire pourtant présent à Duesberg.
Ensuite, l'attitude affichée plus ou moins ostensiblement par l'échevin Alfred Breuwer courtisait tantôt avec la moquerie, le mépris ou l'arrogance. Cette attitude est réellement indigne d'un premier échevin mais bon, on ne changera pas le personnage. Franchement, à côté de lui, Vittorio Mettewie affichait bien plus de respect - ou disons une attitude plus neutre - vis à vis des citoyens que l'élu MR.
Mais passons à présent au coeur du sujet : le projet.
Il faut le dire tout net, ce projet n'est pas fondamentalement différent que le précédent. Mis à part quelques aménagements purement cosmétiques, c'est un copié-collé du projet suspendu par le Conseil d'Etat. Il présente toujours les mêmes défauts à savoir :
- Il est toujours beaucoup trop grand pour Verviers, d'autant plus que l'Outlet va bientôt être reconverti en centre commercial de retail.
- Il est toujours un espace commercial "à l'américaine", dépendant à 100% de la voiture (d'ou le parking surdimensionné) et qui est à l'opposé de notre style de vie européen.
- Il constitue toujours la source d'un grave problème de mobilité puisqu'il prévoit la supression de la trémie et qu'aucun autre accès direct à la place du Martyr n'existera plus suite à la mise en piétonnier de l'axe Brou-Harmonie.
- Jusqu'à preuve du contraire, un bâtiment de la taille d'un centre commercial de ce type est à l'opposé du patrimoine wallon du point de vue architectural.
Bref, les points négatifs essentiels de ce projet sont toujours présents. Les aménagements esthétiques, comme l'élargissement de ce qui aura été le Quai Rapsat à 22 mètres et qui sera de toute façon réduit à un goulot de quatre mètres le long des murs arrières des boutiques, ne sont insérés que pour tenter, une fois de plus, de faire passer le projet auprès de la population.
14 janvier 2012
Le risque de préjudice grave est établi !
Contrairement à ce que relate majoritairement la presse traditionnelle depuis l'annonce de la suspention du permis unique de City-Mall, les raisons évoquées par le Conseil d'État ne sont pas uniquement de nature "technique" comme un problème relatif au plan d'alignement des voiries. Le Conseil d'État reconnait que le risque de préjudice grave et difficilement réparable par le centre commercial est établi.
Mais quels sont tous les arguments retenus par le Conseil d'État ?
1. Les aspects techniques.
Ici figurent les aspects qui ont été relayés par la presse(1) mais pas seulement, les aspects techniques en cause sont plus nombreux.
En fait, le projet "Spintay" se situe dans le cadre d'un projet de revitalisation urbaine. La Région Wallonne a défini les balises d'un tel projet en considérant la zone à revitaliser comme une zone urbaine protégée.
Le Code Wallon (CWATUPE) établi que dans une zone protégée, le tracé des rues, les affectation de terrains et les bâtiments existants doivent être conservés et que les facades et les toitures des nouveaux immeubles doivent rester en harmonie avec le bâti ancien. Or, le Conseil d'État remarque que dans le cas du projet CityMall, toutes ces dispositions du CWATUPE ne sont pas observées : disparition de la rue du Marteau, de la trémie, de la Place Saint Paul, du Quai Pierre Rapsat; démolition de bâiments anciens existants; bouleversement des relations entre les espaces urbains; volume hors échelle du projet et langage architectural inapproprié (toiture plate et non en pente, matériaux de façade non traditionnel, ...).
Comme aucune dérogation n'a été délivrée à CityMall par la Région Wallonne pour certains de ces aspects et que la Ville de Verviers a mal négocié son plan d'alignement de voiries, le Conseil d'État relève ici une infraction vis à vis du CWATUPE. Cela suffit pour ordonner une suspension du permis.
2. Les aspects préjudiciables.
Le Conseil d'État rend également un avis sur le projet en lui-même dans son arrêt. Cet avis est très intéressant car il préfigure sans doute quels seront les avis de ce même Conseil d'État lorsqu'il examinera le dossier ultérieurement. Le Conseil d'État a ainsi suivi les avis du Conseil international des monuments et des sites, de la Commission royale des monuments et sites et de la division du patrimoine qui considèrent le projet hors proportion. Les arguments des riverains sur la perte de la qualité de vie des habitants du centre de Verviers ont également été pris en compte malgré les arguments des avocats de la Région Wallonne, de la ville et de CityMall. En effet, le Conseil d'État épingle le futur problème de mobilité à Verviers consécutif à la disparition de la trémie, l'augmentation des nuisances sonores dans les quelques rues permettant l'accès au centre et l'effet d'enfermement des riverains du centre commercial.
Cela signifie donc que la suspension du permis octroyé à CityMall (ex-ForumInvest) a été décidée en vue d'un débat ultérieur lorsque la procédure en annulation sera examinée par ce même Conseil d'État. Cette suspension a pour but d'empêcher la situation de fait accompli une fois l'annulation prononcée alors que le centre commercial serait bâti et en service depuis longtemps.
Mais quels sont tous les arguments retenus par le Conseil d'État ?
1. Les aspects techniques.
Ici figurent les aspects qui ont été relayés par la presse(1) mais pas seulement, les aspects techniques en cause sont plus nombreux.
En fait, le projet "Spintay" se situe dans le cadre d'un projet de revitalisation urbaine. La Région Wallonne a défini les balises d'un tel projet en considérant la zone à revitaliser comme une zone urbaine protégée.
Le Code Wallon (CWATUPE) établi que dans une zone protégée, le tracé des rues, les affectation de terrains et les bâtiments existants doivent être conservés et que les facades et les toitures des nouveaux immeubles doivent rester en harmonie avec le bâti ancien. Or, le Conseil d'État remarque que dans le cas du projet CityMall, toutes ces dispositions du CWATUPE ne sont pas observées : disparition de la rue du Marteau, de la trémie, de la Place Saint Paul, du Quai Pierre Rapsat; démolition de bâiments anciens existants; bouleversement des relations entre les espaces urbains; volume hors échelle du projet et langage architectural inapproprié (toiture plate et non en pente, matériaux de façade non traditionnel, ...).
Comme aucune dérogation n'a été délivrée à CityMall par la Région Wallonne pour certains de ces aspects et que la Ville de Verviers a mal négocié son plan d'alignement de voiries, le Conseil d'État relève ici une infraction vis à vis du CWATUPE. Cela suffit pour ordonner une suspension du permis.
2. Les aspects préjudiciables.
Le Conseil d'État rend également un avis sur le projet en lui-même dans son arrêt. Cet avis est très intéressant car il préfigure sans doute quels seront les avis de ce même Conseil d'État lorsqu'il examinera le dossier ultérieurement. Le Conseil d'État a ainsi suivi les avis du Conseil international des monuments et des sites, de la Commission royale des monuments et sites et de la division du patrimoine qui considèrent le projet hors proportion. Les arguments des riverains sur la perte de la qualité de vie des habitants du centre de Verviers ont également été pris en compte malgré les arguments des avocats de la Région Wallonne, de la ville et de CityMall. En effet, le Conseil d'État épingle le futur problème de mobilité à Verviers consécutif à la disparition de la trémie, l'augmentation des nuisances sonores dans les quelques rues permettant l'accès au centre et l'effet d'enfermement des riverains du centre commercial.
Cela signifie donc que la suspension du permis octroyé à CityMall (ex-ForumInvest) a été décidée en vue d'un débat ultérieur lorsque la procédure en annulation sera examinée par ce même Conseil d'État. Cette suspension a pour but d'empêcher la situation de fait accompli une fois l'annulation prononcée alors que le centre commercial serait bâti et en service depuis longtemps.
3. Conclusion.
Contrairement aux déclarations du bourgmestre de Verviers, il ne s'agira pas d'obtenir une dérogation de la Région Wallonne au sujet du plan d'alignement des voiries. Il faudra une refonte complète du projet pour qu'il tienne compte des règlements du CWATUPE et des nuisances que rencontreront les riverains du projet. Les opposants au projet viennent donc de gagner une bataille capitale contre le promoteur.
(1) A l'heure où j'écris ces lignes, seul le journaliste de la Meuse (Michel Vargas) en fait état dans la presse locale.
12 janvier 2012
Le Conseil d'Etat suspend le permis de City Mall !
Ce soir, la presse nous livre la nouvelle : Le permis délivré par la ville de Verviers au promoteur City-Mall (ForumInvest) est suspendu par le Conseil d'Etat !
Par cet acte, la gravité du préjudice pour Verviers est reconnu par la plus haute juridiction administrative. La première conséquence de cet acte est que le promoteur ne peut en aucun cas commencer ses travaux pour construire son centre commercial en bord de Vesdre.
Cet avis de suspention se baserait sur le plan communal d'alignement de voirie, décidé par le conseil communal en 2008, au sujet de la rue du Marteau alors que le permis unique prévoit la disparition pure et simple de cette rue. Le permis unique va donc à l'encontre de ce plan communal.
Je vous ferai part de plus de renseignements à ce sujet dans les jours qui viennent.
Par cet acte, la gravité du préjudice pour Verviers est reconnu par la plus haute juridiction administrative. La première conséquence de cet acte est que le promoteur ne peut en aucun cas commencer ses travaux pour construire son centre commercial en bord de Vesdre.
Cet avis de suspention se baserait sur le plan communal d'alignement de voirie, décidé par le conseil communal en 2008, au sujet de la rue du Marteau alors que le permis unique prévoit la disparition pure et simple de cette rue. Le permis unique va donc à l'encontre de ce plan communal.
Je vous ferai part de plus de renseignements à ce sujet dans les jours qui viennent.
24 août 2011
Un bourgmestre dans la presse.
Ces derniers temps, la presse verviétoise nous parle de choses et d'autres qui ont pour dénominateurs communs notre ville de Verviers, des citoyens et le bourgmestre Claude Desama. Ce feuilleton en plusieurs actes est assez ... étonnant.
Le premier acte s'ouvre sur la fameuse pétition de Vesdre-Avenir que le bourgmestre et son équipe osent affirmer, la bouche en coeur, ne jamais avoir reçue. Ils maintiennent cette affirmation jusqu'à ce qu'un document provenant de la Région Wallonne prouve le contraire. Dès cet instant, le bourgmestre nous promet une enquête et une punition du ou des cupables éventuels qui lui auraient caché cette pétition de vingt mille signatures. Il se prépare sans doute à faire sauter quelques fusibles.
Acte deux. Un verviétois d'origine revient dans sa ville natale et y découvre notre quotidien : déchets un peu partout, herbes folles sur les terrains publics, dépôts sauvage de poubelles, etc. Il décide alors de faire part de son étonnement et de sa déception au bourgmestre dans une lettre. Là, Claude Desama lui répond vertement et laconiquement que cette personne n'emploie que des clichés totalement erronés à propos de Verviers. Je dois vous avouer que personnellement, j'en ai un peu assez de mettre mes pieds quotidiennement dans les clichés que nous rencontrons un peu partout dans nos rues !
Le dernier acte s'ouvre sur un fait divers. Un automobiliste Verviétois commet un accident rue du Collège en percutant la voiture de ... Claude Desama ! Ben tiens ! Le bourgmestre serait sorti de sa voiture pour remplir le constat d'accident. Voyant que le bourgmestre était sous l'influence de l'alcool, le conducteur fautif refusait de signer le constat et demandait alors l'assistance de la police. A ce moment, le bourgmestre a alors pris sa voiture pour se rendre dans une maison de la rue du Paradis à Dison. Le lendemain, le bourgmestre qualifiera cette maison de "chez lui" dans les colonnes de la presse locale. Au fait, un bourgmestre ne doit-il pas vivre sur sa commune selon la loi ? Bien entendu, la police a rencontré le bourgmestre à son domicile, lui laissant intentionnellement ou non le temps pour désaouler. L'ivresse du bourgmestre ne peut donc plus être constatée. Comme il n'y a pas de constat, il n'y a pas de délit. Le chef de la police de Verviers s'en sort blanc comme neige.
Le premier acte s'ouvre sur la fameuse pétition de Vesdre-Avenir que le bourgmestre et son équipe osent affirmer, la bouche en coeur, ne jamais avoir reçue. Ils maintiennent cette affirmation jusqu'à ce qu'un document provenant de la Région Wallonne prouve le contraire. Dès cet instant, le bourgmestre nous promet une enquête et une punition du ou des cupables éventuels qui lui auraient caché cette pétition de vingt mille signatures. Il se prépare sans doute à faire sauter quelques fusibles.
Acte deux. Un verviétois d'origine revient dans sa ville natale et y découvre notre quotidien : déchets un peu partout, herbes folles sur les terrains publics, dépôts sauvage de poubelles, etc. Il décide alors de faire part de son étonnement et de sa déception au bourgmestre dans une lettre. Là, Claude Desama lui répond vertement et laconiquement que cette personne n'emploie que des clichés totalement erronés à propos de Verviers. Je dois vous avouer que personnellement, j'en ai un peu assez de mettre mes pieds quotidiennement dans les clichés que nous rencontrons un peu partout dans nos rues !
Le dernier acte s'ouvre sur un fait divers. Un automobiliste Verviétois commet un accident rue du Collège en percutant la voiture de ... Claude Desama ! Ben tiens ! Le bourgmestre serait sorti de sa voiture pour remplir le constat d'accident. Voyant que le bourgmestre était sous l'influence de l'alcool, le conducteur fautif refusait de signer le constat et demandait alors l'assistance de la police. A ce moment, le bourgmestre a alors pris sa voiture pour se rendre dans une maison de la rue du Paradis à Dison. Le lendemain, le bourgmestre qualifiera cette maison de "chez lui" dans les colonnes de la presse locale. Au fait, un bourgmestre ne doit-il pas vivre sur sa commune selon la loi ? Bien entendu, la police a rencontré le bourgmestre à son domicile, lui laissant intentionnellement ou non le temps pour désaouler. L'ivresse du bourgmestre ne peut donc plus être constatée. Comme il n'y a pas de constat, il n'y a pas de délit. Le chef de la police de Verviers s'en sort blanc comme neige.
Bonne journée à tous !