ANGUIS IN HERBA - Le serpent sous l'herbe

28 janvier 2007

Quand le profit gangrène la cité !

Que devrait-être le projet de revitalisation de Spintay ? Qu'est ce que l'on nous réserve en fait ?


Ces questions, beaucoup de Verviétois les connaissent mais bien peu savent y répondre. Tentons d'y voir plus clair.



Idéal : La Vesdre fait partie du patrimoine de Verviers. Elle devrait être mise en valeur et protégée sur son parcours. Elle pourrait faire l'objet d'un lieu promenade-détente dans un cadre naturel. Des passerelles au dessus de la rivière peuvent rendre l'endroit agréable pour des promenades estivales au fil de l'eau.



ForumInvest/Desama : On va bétonner la Vesdre sur 200 mètres pour y placer un centre commercial. Il ne sera plus possible de se promener le long des berges. La Vesdre sera cachée sous un temple du profit construit sur des terrains publics. Le patrimoine collectif sera utilisé dans le seul but qu'une organisation privée fasse de l'argent. A 20 heures, le centre commercial sera fermé et il ne restera plus d'espace de promenade en soirée.



Idéal : L'espace à revitaliser doit s'inscrire dans un projet global pour le centre-ville et doit devenir un centre ouvert, tant au point de vue urbanistique que naturel. Cet espace doit devenir un endroit aéré, de rencontre, asurer le lien entre les quartiers avoisinants et bénéficier au centre-ville. Il est important de créer de nouvelles activités qui s'intègrent harmonieusement dans la structure actuelle de la ville. Ces activités doivent être ouvertes vers le centre-ville et participer à son épanouissement.



ForumInvest/Desama : Le centre commercial est un bloc de béton placé au sein de notre ville sans aucun respect pour son tissu urbanistique. Comme tous les centres commerciaux, ce projet est organisé suivant le principe de l'autarcie. Le drainage vers lui des voies d'accès en voiture asphyxie le centre-ville commercial existant.



Idéal : Un centre-ville regroupe toute sorte d'activités; commerciales, culturelles, travail, habitat, détente. Toutes ces activités définissent la caractéristique plurifonctionnelle d'un centre-ville. Tous ces aspects sont importants afin de donner aux visiteurs une ville agréable où il fait bon vivre, se promener et acheter.



ForumInvest/Desama : La perte de mobilité au centre-ville et la suppression des espaces de promenade vers l'ouest vont dégrader le cadre de vie des habitants du centre. L'architecture du complexe commercial va aveugler toutes les rues qui vont le border, présentant aux promeneurs un mur aveugle de quinze mètres de haut. Pour beaucoup de riverains, le soleil et la lumière se feront beaucoup plus rare. Cette construction se comportera telle un abcès au centre de notre cité. De plus, il sera construit dans un style qui ne respecte pas le cadre architectural du centre.



Idéal : La revitalisation de Spintay doit permettre de réhabiliter un quartier, son espace bâti et son cadre naturel. Les maisons, les rues, les accès doivent être pensés dans un esprit de mise en valeur des atouts du quartier dont fait partie les Quais Brel et Rapsat, ainsi que la Vesdre.



FormumInvest/Desama : On va s'occuper d'une demi-rue, le côté qui deviendra la façade du centre commercial. Le reste conservera son état de délabrement actuel. Les Quais et la Vesdre vont disparaître sous les boutiques des multinationales. Les arbres et les promenades vont céder la place aux allées de boutiques. L'espace public va devenir privé, dépossédant la communauté au profit d'un promoteur hollandais.



Voilà quelques aspects de ce qui devrait être et de ce qui risque de nous arriver ...

18 janvier 2007

La Vesdre : patrimoine naturel et culturel !

Voici, pour notre plus grand plaisir, ce que disait Victor Hugo à propos de la Vesdre :


Hier, à neuf heures du matin, comme la diligence de Liége à Aix-la-Chapelle allait partir, un brave bourgeois wallon ameutait les passants, se refusant à monter sur l'impériale, et me rappelant par l'énergie de sa résistance ce paysan auvergnat qui avait payé pour être dans la boite, et non sur l'opéra. J'ai offert de prendre la place de ce digne voyageur, je suis monté sur l'opéra, tout s'est apaisé, et la diligence est partie. Bien m'en a pris. La route est gaie et charmante. Ce n'est plus la Meuse, mais c'est la Vesdre. La Meuse s'en va par Maëstricht et Ruremonde à Rotterdam et à la mer.

La Vesdre est une rivière-torrent qui descend de Saint-Cornelis-Munster, entre Aix-la-Chapelle et Duren, à travers Verviers et Chauffontaines, jusqu'à Liége, par la plus ravissante vallée qu'il y ait au monde. Dans cette saison, par un beau jour, avec un ciel bleu, c'est quelquefois un ravin, souvent un jardin, toujours un paradis. - La route ne quitte pas un moment la rivière. Tantôt elles traversent ensemble un heureux village entassé sous les arbres avec un pont rustique devant chaque porte; tantôt, dans un pli solitaire du vallon, elles côtoient un vieux château d'échevin avec ses tours carrées, ses hauts toits pointus et sa grande façade percée de quelques rares fenêtres, fier et modeste à la fois comme il convient à un édifice qui tient le milieu entre la chaumière du paysan et le donjon du seigneur. Puis le paysage prend tout à coup une voix bruyante et joyeuse; et, au tournant d'une colline, l'oeil entrevoit, sous une touffe de tilleuls et d'aulnes qui laissent passer le soleil, cette maison basse et cette grosse roue noire inondée de pierreries qu'on appelle un moulin à eau.

Entre Chauffontaines et Verviers la vallée m'apparaissait avec une douceur virgilienne. Il faisait un temps admirable, de charmants marmots jouaient sur le seuil des jardins, le vent des trembles et des peupliers se répendait sur la route, de belles génisses, groupées par trois ou quatre, se reposaient à l'ombre, gracieusement couchées dans les prés verts. Ailleurs, loin de toute maison, seule au milieu d'une grande prairie enclose de haies vives, paissait majestueusement une admirable vache digne d'être gardée par Argus. J'entendais une flûte dans la montagne.

Mercurius septem mulcet arundinibus.

De temps en temps la cheminée d'une usine ou une longue pièce de drap séchant au soleil près de la route venait interrompre ces
églogues.


Le chemin de fer qui traverse toute la Belgique d'Anvers à Liége et qui veut aller jusqu'à Verviers va trouer ces collines et couper ces vallées.

Ce chemin, colossale entreprise, percera la montagne douze ou quinze fois. A chaque pas on rencontre des terrassements, des remblais, des ébauches de ponts et de viaducs; ou bien on voit au bas d'une immense paroi de roche vive une petite fourmilière noire occupée à creuser un petit trou. Ces fourmis font une oeuvre de géants.

Par instants, dans les endroits où ces trous sont déjà larges et profonds, une haleine épaisse et un bruit rauque en sortent tout à coup. On dirait que la montagne violée crie par cette bouche ouverte. C'est la mine qui joue dans la galerie. Puis la diligence s'arrête brusquement, les ouvriers qui piochaient sur un terassement voisin s'enfuient dans toutes les directions, un tonnerre éclate, répété par l'écho grossissant de la colline, des quartiers de roche jaillissent d'un coin du paysage et vont éclabousser la plaine de toutes parts. C'est la mine qui joue à ciel ouvert. Pendant cette station, les voyageurs se racontent qu'hier un homme a été tué et un arbre coupé en deux par un de ces blocs qui pesait vingt mille, et qu'avant-hier une femme d'ouvrier qui portait le café (non la soupe) à son mari a été foudroyée de la même façon. - Cela aussi dérange un peu l'idylle.

Verviers, ville insignifiante d'ailleurs, se divise en trois quartiers qui s'appellent la Chick-Chack, la Basse-Crotte et la Dardanelle. J'y ai remarqué un petit garçon de six ans qui fumait magistralement sa pipe, assis sur le seuil de sa maison. En me voyant passer, ce marmot fumeur a éclaté de rire. J'en ai conclu que je lui semblais fort ridicule.

Après Verviers, la route côtoie encore la Vesdre jusqu'à Limbourg. Limbourg, cette ville comtale, dont Louis XIV trouvait la croûte si dure, n'est plus aujourd'hui qu'une forteresse démantelée, pittoresque couronnement d'une colline.

Un moment après, le terrain s'aplatit, la plaine se déclare, une grande porte s'ouvre à deux battants, c'est la douane; une guérite chevronnée de noir et de blanc du haut en bas apparait; on est chez le roi de Prusse.

A la lecture de ces lignes, on comprend pourquoi il est indispensable de respecter le Vesdre et son environnement immédiat afin de ne plus "déranger l'idylle". J'espère que Verviers ne sera plus la ville insignifiante du temps de Victor Hugo et finira par respecter "la plus ravissante vallée qu'il y ait au monde".

17 janvier 2007

De la suite dans les idées ?

Le 22 septembre 2003, Claude Desama déclarait lors d'une interview accordée au site "Best of Verviers" les propos suivants :

La rive de la Vesdre mérite une promenade plus longue, du quai Rapsat
jusque dans le quartier Cerexhe, qui est exemple remarquable de rénovation urbaine où se sont ouverts plus d’une dizaine de restaurants. Le nouveau complexe de 8 salles de cinéma « Movie West » se trouve à un jet de pierre.


Trois ans plus tard, il pense qu'il est judicieux de bétonner cette rive de Vesdre qui méritait pourtant une promenade ...

15 janvier 2007

Demandez la consultation populaire !

Et voici que l'on reparle de consultation populaire à Verviers ! Non pas celle promise par Claude Desama en pleine période électorale car pour celle-là, on peut encore attendre ... mais celle que souhaite mettre en place le mouvement citoyen "Vesdre-Avenir".

Pour que la consultation du citoyen puisse avoir lieu, Vesdre-Avenir a besoin d'au moins 5300 signatures de Verviétois. Avec ces signatures, nous pourrons enfin savoir ce que veulent les habitants de Verviers comme projet d'avenir pour leur ville.

Que vous soyez pour ou contre le projet ForumInvest, vous pourrez alors vous exprimer et faire savoir quel est le souhait de la majorité des Verviétois.

La question suivante sera donc posée :

Êtes-vous pour un développement du centre-ville qui relance le commerce, crée de l'emploi et améliore l'habitat en mettant en valeur la Vesdre sans la couvrir par un bâtiment ?

Oui - Non

Cette consultation est une initiative de citoyens pour les citoyens et non une émanation d'un pouvoir politique. Je crois que c'est une grande chance pour notre ville qu'une telle opportunité puisse voir le jour.

Dès que je serai au courant de la procédure à suivre pour faire parvenir votre signature à Vesdre-Avenir, je vous le ferai savoir sur ce blog.

11 janvier 2007

Le PS et son "projet bis".

Sur le site du PS Verviétois, Claude Desama annonce la mise en place de son projet bis ... que personne n'a encore vu. Voici enfin une occasion d'en savoir plus sur cette légende "urbaine" verviéoise.

Avant tout, le Bourgmestre déclare que la ville est partenaire de ForumInvest dans le projet de surface commerciale (dit "de Spintay") et qu'à ce titre, elle va pouvoir donner ses directives avant l'adoption du projet définitif. Bien ... mais passons un peu ces directives en détail.

1. la revitalisation commerciale de la rue Spintay.

Il est vrai que la rue Spintay n'est même plus l'ombre de ce qu'elle a été jadis. ForumInvest, dans son projet initial, va tout juste faire une entrée en Spintay en laissant le reste - et surtout le côté nord - en état. Est-ce que cette directive va faire en sorte de revitaliser toute la rue alors que le promoteur n'en est nullement intéressé ? Rien n'est moins sur ! Des précisions sur ce point nous seraient très utiles.

2. le franchissement de la Vesdre et ses aspects architecturaux.

Maintenant, on ne parle plus de "recouvrement" mais de "franchissement". Que cache donc ce changement de terminologie ? Mystère ! Encore une fois, des précisions sont indispensables et jusqu'à preuve du contraire, ceux qui dénoncent le recouvrement de la rivière n'ont encore rien gagné du tout.

3. la valorisation des berges de la Vesdre en amont et en aval de l’enjambement de la rivière.

Sur ce point, je n'ai rien à critiquer. Tout ce qui peut être réalisé dans le respect de la nature est le bienvenu.

4. l’esthétique générale de la construction sur le plan du « design » et des matériaux.

Selon mon avis, un bunker de marbre ou de béton reste un bunker ...

5. l’intégration urbanistique du Centre avec le bâti de la rue Spintay.

Si c'est donner au centre le même aspect que Spintay ... ca va être joli ! Et c'est ce qui risque fort d'arriver si on laisse faire le promoteur.

6. la mobilité autour du centre commercial et la problématique de la trémie.

Alors là, c'est peut-être le plus gros bobo occasionné par le projet et on en parle enfin ! Il est clair que dans cette histoire, les passionnés parlent le plus souvent de la Vesdre en occultant ce point très délicat. Verviers à besoin de cette voie d'accès vers l'ouest et sa supression ne profitera qu'à l'Ogre Batave au détriment du reste du centre. Il est donc indispensable de conserver la trémie ou de créer une autre voie rapide vers l'ouest.

7. les nouveaux aménagements des espaces publics dans le périmètre de revitalisation.

Encore des fontaines ?

8. l’extension éventuelle des espaces piétonniers.

Ouais ... après la supression de la trémie, on peut mettre Spintay, Brou et Xhavée en piétonnier. Ce sera joli !

9. les diverses mesures à prendre lors de la construction du centre commercial pour réduire autant que faire se peut les nuisances pour les riverains et en particulier les commerces.

Un chantier de cette ampleur ne se fera pas sans nuisances. Pendant deux ans, il ne sera pas agréable du tout de se rendre au centre-ville. C'est en effet à la ville de prendre les mesures pour que tout cela se passe sans trop de casse.

Parmi tous ces points, le bourgmestre annonce que le seul qui soit acquis, c'est l'abandon de la couverture de la Vesdre ... donc, rien n'est réellement fait !

Personnellement, j'ai peur que ce "projet bis" nous fasse simplement passer de Charybde en Scylla (on échappe à un danger pour en rencontrer un autre). Si rien n'est fait pour que le "projet bis" rencontre nos soucis de mobilité, d'esthétique urbaine et de revitalisation de tout le centre alors on aura rien gagné ... que du contraire.

Si comme le souligne Claude Desama, la ville a réellement les mains libres alors il est indispensable que nos élus fassent pression auprès du promoteur pour que notre ville soit respectée. Desama nous parle encore de consultation populaire ... mais serons-nous réellement entendus ? Le passé ne plaide pas dans ce sens, en tout cas.

Si vous désirez lire le texte du bourgmestre, vous le trouverez ici : http://www.psverviers.eu/cartes blanches/cd.htm

08 janvier 2007

Quosque tandem abutere Desama patientia nostra !

"Jusqu'à quand abuseras-tu de notre patience, Desama? Combien de temps encore serons-nous le jouet de ta fureur? Jusqu'où s'emportera ton audace effrénée? Quoi! Ni la Vesdre qui veille la nuit sur notre cité, ni les forces répandues dans toute la ville, ni la consternation du peuple, ni ce concours de tous les bons citoyens, ni les pétitions signées par nos assemblées, ni les regards indignés de tous les Verviétois, rien n'a pu t'ébranler!"

Ce texte, une adaptation de la Première Catilinaire (63 avant JC), s'impose suite à "l'affaire des banderoles".

Pour rappel, Monsieur Desama a usé de son pouvoir de Bourgmestre de Verviers pour interdire les banderoles et affiches qui exprimaient la crainte des Verviétois de voir leur ville détruite par le projet commercial de ForumInvest. Ces affiches n'avaient qu'un seul défaut : elles s'opposaient à la politique ultra-libérale du bourgmestre.

Bien entendu, le collège communal invoque le "danger pour les concitoyens que constituent ces moyens d'expression". Il aurait été très étonnant que l'autorité communale ait le courage de donner la véritable raison de cet ordre de retrait.

La véritable raison:

Cest vrai ! Le Bourgmestre a raison ! Ces banderoles constituent un danger ! Non pas un danger pour l'intégrité physique du passant, mais bien pour la politique Verviétoise qui tend à donner notre centre-ville à un ogre hollandais. Ce danger est tellement présent qu'il a fallu un ordre du Bourgmestre pour tenter d'y mettre fin.

Sauf que Desama a agit dans la précipitation ! Il n'a pas songé que nous pourrions ne pas être dupes ! Nous faire retirer des banderoles solidement attachées alors que bien d'autres objets constituent un danger aussi, sinon plus, dangereux pour les piétons dénote une action dans la précipitation. Monsieur Desama, vous nous avez habitués à mieux par le passé ! Vous avez omis de tenir compte des points suivants :

  • Une banderolle se trouve sur l'église St-Remacle pour une exposition de santons.
  • Des paquets cadeaux dans les arbres de la rue du Collège qui pendent lamentablement.
  • Des drapeaux sur la façade de l'Hôtel de Ville ou le Floréal, par exemple.
  • Des banderoles publicitaires sur la patinoire de la place Verte.
  • Des pancartes "A louer" ou "A vendre" sur bon nombre de fenêtres, à l'extérieur.
  • Une maison incendiée en Crapaurue et qui contitue un véritable danger depuis des années.
  • Des affiches sur la façade de la FGTB ou du Grand Bazar.
  • Un filet sur la façade de l'hôtel de ville.
  • Une tourelle non entretenue dans le parc du même nom.
  • Et il doit encore y avoir pas mal de points à ajouter à cette liste ...

Seulement, tous ces "dangers" ne demandent pas de revoir le projet ForumInvest. Tous ces dangers sont tout simplement là, sans émettre aucun avis contraire à la politique PS à Verviers. La préocupation de monsieur Desama n'est pas notre santé ni notre bien-être, elle est de museler toute opposition, même constructive.

Il est de plus en plus clair que la politique Verviétoise dérive d'une particratie vers une autocratie sous des apparences faussement démocratique et cela pourrait faire l'objet d'un autre billet dans ce blog.

L'interdiction des banderolles "Vesdre" est donc bien un ACTE POLITIQUE issu d'un ABUS DE POUVOIR !